Le Roquettois Lân Pham Ngoc a choisi de raconter sa vie pour éclairer sa descendance sur son singulier parcours. L'homme dégage immédiatement de la sympathie et il s'ouvre à vous sans détours. Ce musicien, guitariste classique de talent, est aussi une voix, i l suffit de l'entendre interpréter Jean Ferrat pour en être convaincu. Sa longue histoire pourrait être celle de nombreux Vietnamiens confrontés cette période chaotique de leur histoire. «De père inconnu», ce livre, qu'il a mis huit ans à écrire, bourré d'anecdotes, de rappels historiques, se lit comme un roman. L'auteur a été le témoin et l'acteur de nombreuses aventures dans ce Vietnam en guerre.
Malgré le chaos dans le Vietnam des années 50, considérez vous que vous avez eu une enfance heureuse ?
Non et oui. Mon enfance ne peut être qualifiée d'heureuse si on considère toutes les privations subies dues aux conditions modestes de ma famille, ses bouleversements, conséquence de la situation du pays. Mais d'autre part, grâce à l'amour de mes proches, et à mon penchant optimiste qui me permet de toujours essayer de prendre le bon côté des choses, subjectivement, je ne peux pas dire que j'ai été malheureux dans mon enfance.
Avec le recul du temps, pensez vous toujours que «l'on s'habitue à la guerre» ?
Avec le recul du temps, c'est effroyable de penser qu'on «s'habitue à la guerre», et pourtant, c'est bien ce qui s'est passé quand on est en plein dedans et qu'on a aucun moyen de s'en échapper. Quand une roquette est tombée sur la maison d'un voisin et pas sur la vôtre, on a très peur, mais après on remercie le ciel et on continue à vivre. Quand on apprend la mort d'un copain de classe parti au front depuis un an ou deux, on a le cœur serré, mais il y en a tellement de cas pareils qu'on s'habitue à ces annonces… Alors que dans un pays enpaix comme la France actuellement, il y va autrement.
Vous avez très souvent changé de résidences, voire de pays, tout en restant Vietnamien, aujourd'hui êtes vous définitivement Roquettois ?
J'ai survécu grâce à ma faculté d'adaptation, tout en essayant de conserver mon identité. Il ne faut pas oublier que malgré toute ma culture vietnamienne, j'ai quand même cinquante pour cent de sang français dans mes veines. Oui, je me sens Français et Roquettois, en restant Vietnamien tout au fond de moi-même.
Lisez «De père inconnu» et vous saurez comment celui, né avait choisi d'être Vietnamien finit par obtenir un visa pour la France, après un dur passage de quatre mois en camps de rééducations communistes. Un ouvrage passionnant, préfacé par Patrick Poivre d'Arvor, qui vous fera partager la quête de son auteur pour retrouver son père français.
«De père inconnu» aux éditions l'Harmattan – 35€.
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